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Serge Schoffel Art Premier

Joseph Henrion

Faire des objets, sans doute pour se faire, pour apprendre, pour sauver – peut-être rien que pour le plaisir de faire, pour fixer, circonscrire, pour se rassembler, inventorier ses cendres, pour faire un signe, pour parler, émouvoir, pour faire comprendre, pour être aimé, pour être avec les autres, s’accepter, s’éterniser, s’oublier, faire des objets parce qu’il n’y a rien d’autre à faire, qu’ils se sont imposés, parce qu’ils promettent la joie, haleine de bonheur, faire des objets pour toutes ces raisons à la fois. Ils sont les images qui interrogent l’existence. Joseph Henrion, 1975.

Elève depuis ses 12 ans à l’Académie des Beaux-arts de Boitsfort, dans la périphérie bruxelloise, Joseph Henrion y enseigna le dessin, la peinture et la gravure dès le début des années soixante. Alors qu’il avait le coup de crayon des grands, il ne concevait pas comment sa créativité pourrait se révéler dans la peinture. Sa rencontre avec les arts africains provoqua sa reconversion quasi exclusive vers la sculpture en 1968, alors qu’il avait déjà 31 ans. Il se réinventa et, en autodidacte, maîtrisa le procédé de la cire perdue directe pour réaliser des pièces complexes. Il aménagea même une fonderie artisanale jouxtant son atelier. Fruit des quinze années qui suivirent, l’ensemble de son œuvre tridimensionnelle, incluant les tous petits formats, ne devrait pas dépasser de beaucoup le chiffre de 130 pièces répertoriées. Conscient de son talent, Joseph Henrion aurait voulu connaître une consécration méritée mais, en artiste véritable, ce n’était pas à la promotion de son travail qu’il entendait consacrer son temps et son énergie. Le nombre assez réduit d’œuvres réalisées, en dépit d’un engagement total et continu dans son travail, en atteste aussi.